Marvel's Spider-Man : une toile de maître ?

Marvel's Spider-Man : une toile de maître ?

J’ai beau chercher, je n’ai aucun souvenir mémorable d’un jeu Spider-Man. Pourtant les adaptations ont été nombreuses ces dernières années mais aucune n’a réussi d’après moi à laisser son empreinte. Entre temps, Batman est passé par là avec sa trilogie Arkham saluée aussi bien par les joueurs que par la critique. Une comparaison inévitable dont Insomniac Games a dû faire face en imaginant ce que pourrait être le “nouveau” Marvel’s Spider-Man.

Je ne suis pas un fan inconditionnel de l’univers, j’ai donc comme seules références les films produits à ce jour et de vagues souvenirs du dessin animé. Ce qui m’a vraiment plu, c’est de constater qu’Insomniac Games soit parvenu à délivrer sa vision de l’histoire, de qui était Peter Parker. Bien entendu, l’oeuvre originelle a été respectée mais pour autant, le jeu parvient à surprendre et à embarquer le joueur avec une histoire plutôt palpitante et ce notamment grâce à un traitement soigné des personnages.
Les trailers avaient laissé présager un sérieux sentiment de liberté pour le joueur, là encore Insomniac ne déçoit pas. Certes il ne s’agit que d’un énième open world mais Sony a veillé à proposer un petit quelque chose de plus, là où d’autres se contentent de faire du remplissage pour étendre la durée de vie de leur jeu. Si la structure du jeu se veut résolument classique avec un fil rouge, des missions secondaires et une panoplie d’items à collecter, la redondance redoutée est moins marquée du fait du système mis en place : bien pensé, il invite constamment à alterner les activité afin de collecter différents types de jeton pour améliorer / débloquer capacités, costumes et autres gadgets. C’est cet équilibre qui m’a permis de prendre du plaisir tout au long de mon aventure. Alors ce serait mentir que de dire que je serais capable d’atteindre cette fois les 100% de complétion mais sur la trentaine d’heures de jeu, je n’ai pas grogné ce qui est suffisamment rare pour être souligné.

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C’est dans la variété des activités que Spider-Man se distingue, un juste équilibre entre combat, infiltration et déplacement dans Manhattan. Le jeu pousse même le vice un peu plus loin en proposant d’appréhender différemment des activités de même nature dont l’objectif peut varier. Cette idée se retrouve dans les items à collectionner comme les sacs à dos qui recèlent chacun un objet de l’univers de Spidey accompagné de son petit commentaire audio.
S’ajoute à ces missions “en dur” des événements aléatoires tels que des braquages ou des vols de voiture qui viennent pimenter vos déplacements en ville.

Mais Spider-Man a plus à offrir qu’un monde vivant, le jeu peut compter sur sa mise en scène léchée pour convaincre. Calqué sur les standards de films hollywoodiens, Spider-Man s’offre une réalisation de haute voltige avec des cadrages qui flattent chaque mouvement de notre homme-araignée. C’est dynamique, spectaculaire et les QTE n’occupent pas autant de place que le laissaient suggérer les vidéos promotionnelles. Ouf.
Le travail sur les personnages est également payant ! On s’attache rapidement à Peter et à son entourage grâce à des séquences parfois touchantes et à des dialogues travaillés. Mention spéciale pour les répliques de JJ Jameson (Directeur du Daily Bugle) qui interviennent entre deux missions, une bonne dose de cynisme qui fait du bien. Seul regret, le fait de ne pas avoir pu basculer en anglais pour me faire un avis sur la VO du jeu, pas que le doublage soit médiocre bien au contraire mais la synchro labiale aurait à fortiori été mieux calée.

L’artistique à ce stade est donc validé, mais qu’en est-il du gameplay ?
A la vitesse de déplacement du bonhomme, la question est plus que légitime. Et bien c’est une franche réussite, mais vraiment ! Insomniac Games a simplement réfléchi à un système répandu et éprouvé de montée d’expérience qui, à chaque niveau passé, vous fera débloquer de nouvelles capacités parmi trois arbres de compétences. En fonction de vos affinités de combat, vous pourrez investir davantage dans les mouvements d’infiltration, ou l’attaque pourquoi pas. L’ensemble participe là encore à varier le déroulé des combats mais malheureusement, j’ai trouvé qu’il fallait accumuler les heures avant d’espérer avoir un éventail de mouvements satisfaisant pour véritablement s’amuser et ne pas avoir le sentiment de voir se reproduire les mêmes coups à l’écran.
En dehors de ce bémol, pas grand chose à redire. Les combos s’enchaînent autant que les esquives, le sentiment de puissance à chaque coup se fait bien ressentir et le tout s’enchaîne avec une fluidité déconcertante. En plus des skills qui vous permettront de “jouer” avec l’ennemi (détourner une roquette, user de l’environnement, désarmer un bad-guy…), des gadgets sont aussi mis à votre disposition ainsi qu’une capacité propre à votre tenue. Des tenues qui sont au nombre de 26 et qui remplissent haut la main la case fan service.
Combiné, tout cela donne lieu à de sacrées peignées pour Docteur Octopus et ses sbires.

J’aurai tout de même quelques reproches à faire à ce nouvel opus, à commencer par une concentration de boss dans la quête principale laissant pour compte les quêtes annexes qui, pourtant, introduisent des visages connus de l’univers de Spidey. C’est d’autant plus dommage que les affrontements sont pour la plupart rythmés et joliment mis en scène à l’image de ce que pouvait proposer Batman Arkham.
Également dans les petits désagréments, j’ai relevé l’utilisation abusive de deux mini-jeux, l’un consistant à raccorder des circuits et l’autre à assembler des échantillons pour trouver une séquence “ADN”. Bien que leur difficulté soit croissante, on peine à y voir un intérêt tant les mécaniques se répètent. J’ai fini par poser la manette attendant que le jeu me permette de les passer, c’est dire.
Enfin, je pense que les phases d’infiltration auraient pu occuper une place plus importante du fait des capacités de Spidey. Batman Arkham était parvenu à jouer sur les deux tableaux là où Marvel’s Spider-Man s’oriente davantage vers de l’action brute. Il est bien possible d’effectuer des attaques silencieuses ou de recouvrir de toile ses opposants au plafond mais pour autant, l’approche reste sensiblement la même à chaque tentative. C’est finalement peu satisfaisant et on privilégiera donc la castagne. Et ce n’est pas les quelques passages au contrôle de Mary Jane qui sauveront ça… rigides et scriptés donc dispensables par définition.

Spidey est tellement agréable à diriger que je n’ai pas eu recours une seule fois au fast travel

Je terminerais sur une note positive, la plus importante de toutes : le terrain de jeu offert par Marvel’s Spider-Man. J’ai rarement éprouvé autant de plaisir à parcourir un open world. Outre la fidélité de Manhattan, Spidey est tellement agréable à diriger que je n’ai pas eu recours une seule fois au fast travel. Une première pour moi !
Conscient que les déplacements de notre personnage occuperait une place importante, Insomniac Games s’est attelé à les rendre souples et crédibles à la fois. Une franche réussite !
Les animations s’enchaînent divinement bien, aussi bien dans les airs que sur les façades des buildings ou même au sol entouré de new-yorkais.
Si tout va à 100 à l’heure avec Spidey, il m’est arrivé à plusieurs reprises de souffler en haut d’une tour profitant d’un soleil couchant sur Central Park. Dépaysement garanti.

C’est ce niveau de finition dans le rendu, dans les plans de caméra et dans les animations de notre personnage qui me fait dire que l’on a affaire un reboot de qualité amorçant quelque chose de grand. On sent qu’Insomniac a vraiment donner du coeur à l’ouvrage et a désormais toutes les armes pour hisser l’homme-araignée au rang des meilleures adaptations de super-héros, et Dieu sait que cela manque.
Une bien belle surprise et un pari gagnant pour Sony qui s’est offert là une exclusivité solide. Vivement la suite.

Ma note : 4/5