Test de Gran Turismo 7 : on se retrouve enfin

Comme pour beaucoup de joueurs, Gran Turismo représente tout un pan de ma jeunesse. Découverte sur PlayStation première du nom, la licence m’aura suivi jusqu’à son troisième volet avant qu’un certain Project Gotham Racing ne vienne s’immiscer dans notre relation. Puis Forza Motorsport est apparu, balayant définitivement GT de mon esprit…
Curieux malgré tout, je suivais d’un œil l’évolution de la série. J’étais donc resté sur “l’échec” de GT Sport qui avait fracturé la communauté avec une approche multi / esport.
Fin 2022, Gran Turismo soufflera ses 25 bougies, l’occasion pour Kazunori Yamauchi et ses équipes de renouer avec la fanbase tout en profitant des dernières innovations technologiques apportées par la PlayStation 5.
Kazunori Yamauchi nous a vendu avec ce GT7 un retour aux sources, qu’en est-il ?
Il faut bien comprendre que ce qui faisait le sel de cette série était l’emprunt des codes des RPG. De ce côté-là, ce nouvel épisode ne déçoit pas. On retrouve cette fameuse progression qui nous conduit à toujours nous adapter d’une compétition à l’autre. Modifier certains paramètres ou équiper son engin de nouvelles pièces. C’est ça qui nous tient en haleine des heures durant, c’est cette fameuse montée en puissance. De la petite citadine qui se traîne au bolide de course, on prend le temps d’apprécier chacun de nos exploits.

À l’image de Pokémon (oui, j’ose la comparaison), votre début de carrière se fera par un choix. Trois citadines d’occasion pour commencer à engloutir vos premiers km. Très rapidement, on nous invite à nous rendre au “Café”. Un espace par lequel vous allez pouvoir accomplir des quêtes pour compléter votre collection de voitures. Similaire à ce dont nous avait habitué la série à ses débuts, ce système est redoutable et m’a complètement happé, me détournant d’un certain Horizon Forbidden West… Les récompenses obtenues permettent de s'ouvrir à d’autres pays, d’autres gammes pour enfin atteindre de nouvelles catégories de voitures. En plus de la satisfaction d’amasser de nouveaux véhicules, ces derniers permettent de concourir dans de nouvelles compétitions.
Dans le même temps, Gran Turismo 7, fidèle à ses principes, nous permet de parfaire notre culture automobile avec tout une dimension historique. De la création des voitures aux raisons de leur succès, on apprend plein de choses !
Ces infos sont à la fois distillées par le jeu lui-même mais aussi par de vrais pilotes de la GT Academy. Mikail Hizal, Baptiste Beauvois ou encore Fabian Portilla nous adresseront quelques mots avant certaines courses, de quoi découvrir leurs univers et leurs motivations. Je reconnais qu’au bout de quelques courses, j’ai arrêté de les écouter mais le jeu en devient tout de suite moins austère comparé à d’autres jeux de course.
Parfois, avoir la bonne voiture pour participer à une compétition sera insuffisant. Il vous faudra détenir un certain permis. Le jeu compte 5 permis incluant pour chacun 10 épreuves. L'obtention de l’Or en devient vite une obsession, j’ai décidé de faire un travail sur moi-même en acceptant seulement le Bronze au risque de perdre toute vie sociale.
Comme si les permis ne suffisaient pas, 60 défis s’ajoutent avec des conditions diverses comme dépasser une certaine vitesse de pointe. En fonction de la couleur de vos médailles, des voitures seront là aussi à débloquer.
Reste le mode Rallye Musical pour la partie solo qui en plus d’être décorrélé du mode GT reste anecdotique. L’idée de départ : une course de checkpoints dont les secondes sont calées sur les beats par minute de la musique. L’idée sur le papier semblait séduisante, d’autant plus lorsqu’on connaît le soin accordé à la soundtrack des GT… Un intérêt vite dissipé, surtout au regard du reste du contenu.
Sur la partie multijoueur, votre dévoué joueur n’étant plus abonné PS Plus, il m’a été difficile de tester quoi que ce soit. J’ai néanmoins entraperçu les contours du multi. Polyphony Digital a eu le temps d’itérer sur le précédent épisode et en est sorti grandi indéniablement. On retrouve le mode Sport qui renouvelle chaque jour trois épreuves. J’ignore si le matchmaking fait son œuvre mais il est promis que l’on affronte des joueurs de même niveau. Fait intéressant, pour calculer ça, le fair play entre en compte en plus de nos performances ! J’avoue être particulièrement séduit par l’idée : d’encourager les joueurs du monde entier de piloter "proprement".
Les saisons quant à elles permettent de brandir les couleurs de son pays et de rejoindre une écurie. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin n’est-ce pas ?
Moins surprenant mais tout aussi appréciable, vous pourrez créer votre propre salon et imaginer vos propres compétitions régies par des paramètres tels qu’un choix de modèle de voiture imposé ou de telles conditions météorologiques. Le petit plus : ce mode est disponible en écran splitté.
Gran Turismo 7 est un jeu communautaire, une connexion est d’ailleurs obligatoire pour y jouer… En parallèle du mode multi, un véritable réseau social est présent. Oui, encore un ! Les joueurs peuvent y partager leurs créations et y réagir à base de like ou de forward.
Mais de quelles créations parle-t-on ? GT7 est livré avec un mode photo mais attention, ce n’est pas le mode photo que l’on retrouve dans les deux-tiers des jeux. Non, là je parle d’un mode où l’on perd la notion de jeu vidéo pour celle d’un studio photo. On sent que Polyphony Digital n’a pas voulu cocher une simple case dans son cahier des charges mais a souhaité permettre aux joueurs de véritablement sublimer leurs bolides dans des environnements aux quatre coins du monde. Des milliers de photos HD sont mises à votre disposition par dessus lesquelles vous pourrez “poser” votre engin. Si au départ, je craignais un rendu un peu cheap, il n’en est rien.
Pour vous approprier encore un peu plus votre voiture, vous pourrez personnaliser son look (stickers, ...) ainsi qu’agir sur certaines parties de la carrosserie (ailerons, châssis, …). Ce paramètre agira directement sur les caractéristiques techniques de votre véhicule, méfiance.

Les caractéristiques techniques ne s’arrêtent pas là comme vous pouvez vous en doutez, on se trouve dans un GT. Vous allez dépenser vos crédits pour faire grimper en PP (points de performance) vos voitures. Les pièces mécaniques sont réparties en gammes et permettent d’agir sur des aspects spécifiques du véhicule, comme les suspensions, le différentiel à glissement limité ou la dureté des pneus. Au fil de vos courses, vous identifierez les faiblesses de votre véhicule et pourrez agir en conséquence en vous reportant sur de nouvelles pièces, et pas forcément les plus coûteuses. Ceci pour mieux appréhender d’éventuels tête-à-queue par exemple ou encore disposer de plus d’aisance dans la négociation de virages serrés.
Parlons gros chiffres désormais : combien GT7 dispose-t-il de bolides dans son garage ? Contrairement à GT4 qui faisait dans l’opulence à tort, Kazunori a réduit la voilure pour livrer 420 voitures à la sortie du jeu. Possédant chacune leur identité propre, il va falloir s’armer de patience pour ajouter tous ces véhicules à votre collection. Il faudra jongler entre le concessionnaire avec ses modèles neufs et les voitures d’occasion dont le catalogue est rafraîchi chaque jour, en plus d’être proposées en nombre limité ! Reste l’achat de “voitures de légende" pour les plus fortunés d’entre nous ou ceux qui ne prévoient de ne jouer qu’à GT7 sur les 12 mois à venir…
Pour clôre la partie chiffres, on dénombre 34 circuits distincts. Avec leurs déclinaisons, on monte à une centaine. Les amateurs de courses automobiles ne seront pas dépaysés en y retrouvant de vrais circuits comme Le Mans et des fictifs. Pour le moment, je n’ai pas été pas été frappé par une grande variété. Cela étant dit, je n’ai pas vu ça comme un problème car les pistes représentent chacune leurs propres difficultés. Polyphony Digital nous promet du contenu gratuit (et payant, ne rêvez pas) à l’avenir dont de nouveaux circuits.
Je pense que nous avons balayé le gros du contenu du jeu. Maintenant, en sortant de Forza Horizon 5 avec sa conduite à la fois souple et hautement addictive, comment ai-je vécu ce retour dans le milieu de la simulation ? À ma grande surprise, très bien et ce dès les premières courses malgré les tanks que je traînais.
J’étais super impatient de découvrir comment les capacités de la DualSense étaient mises à l’épreuve ici. Je dois dire avoir été bluffé par l’utilisation des retours haptiques : ils permettent de mieux lire ce qui se passe sur la route ! J’oserais même dire qu’à l’exception d’Astro's Playroom, GT7 est le jeu du catalogue PS5 qui met le plus en valeur cette nouvelle techno.
On parvient à distinguer les différentes surfaces, pratique quand on a la fâcheuse tendance comme moi à mordre. On perçoit aussi les changements de rapports et le surrégime permettant notamment d’anticiper un éventuel tête-à-queue en cas d’une accélération soudaine. Enfin, je dirais que ça participe à réduire l’écart entre le réel et le virtuel. Couplé aux bruitages de qualité et aux nombreuses options mises à disposition des joueurs pour adapter la difficulté du jeu à son niveau, on obtient une simulation qui se montre rapidement addictive !

Tout n’est pas rose comme toujours. Beaucoup pointent la faiblesse de l'intelligence artificielle des concurrents. Je serais plus mesuré à ce sujet. Oui, à aucun moment on peut imaginer autre chose qu’une IA soit derrière le volant de nos rivaux, en revanche, je n’ai pas le sentiment qu’un autre jeu de voiture se soit vraiment distingué en la matière. Ce n’est pas une excuse pour autant mais quand on voit tout le tintouin qu’à pu faire Turn 10 Studios avec son Drivatar depuis des années… On commence un peu à perdre patience. Sony a annoncé que GT Sophy, une IA soi-disant révolutionnaire, arriverait bientôt…
Bref, en résumé, nos adversaires sont largement prévisibles et c’est avant tout les PP de votre véhicule qui vous assureront la victoire.
On notera aussi que le schéma se répète à chaque course, on commence dernier et on va remonter dans la grille au fil des tours. Pour être surpris et sortir de ce pattern, le multi est la réponse toute trouvée selon moi.
Je terminerais sur le visuel car finalement, c’est bien ce qu’on attend quand on débourse 500 € dans une console next gen. Les derniers trailers parus m'avaient laissé quelque peu dubitatif. Là où ses prédécesseurs avaient souvent été des vitrines technologiques, GT7 se contente de faire le job. Visuellement réussi, on sent que l’ambition n’était pas de proposer le rendu le plus réaliste possible. Souvent inégal, on peut tantôt s'enthousiasmer devant un panorama, tantôt déchanter quand on se retrouve à reluquer les gradins et les mannequins qui font office de spectateurs. Les conditions météorologiques en revanche ont été particulièrement soignées avec une gestion du ciel assez bluffante. Sortant de Forza Horizon 5 qui s’attache à proposer un monde “vivant”, le choc a été quelque peu brutal. Encore une fois, certains me diront que la comparaison n’a pas lieu d’être mais quand je vois que la seule animation hors piste est celle d’avions de chasse qui passent au-dessus de ma tête ou une montgolfière qui flotte au loin, ça fait un peu peine. Il suffit de voir les retransmissions de certaines courses, on sent une énergie, une effervescence avec le public qui soutient tel ou tel pilote, les équipes au stand en mouvement prêt à bondir, etc. L’extra mile n’est pas atteint ici.
Les voitures font oublier ces quelques écueils avec des changements de lumières réussis sur la carrosserie ou bien encore des intérieurs vraiment travaillés en vue cockpit. De ce point de vue là, vous n’aurez pas de mal à reluquer votre Clio d’antan.
Pour conclure, Gran Turismo 7 m’a permis de renouer avec la série. Cet épisode transpire l’amour que porte Kazunori Yamauchi et ses équipes au sport automobile. GT7 est généreux, il est un porte-étendard pour la DualSense, il s’adresse à tous les joueurs et se montre plus intelligent dans sa construction (le mode GT en première ligne). Sa conduite est à la fois technique et accessible procurant un plaisir immédiat, décuplé dès lors que l’on passe à la catégorie de voitures du dessus.
Ce retour est un retour réussi et ça fait du bien, pour le catalogue PlayStation et pour les joueurs.