Test de The Evil Within 2 : l’hybride parfait ?

Après un Outlast 2 en demi teinte et un Resident Evil 7 plein de surprises, voici venir The Evil Within 2. Trois ans après les événements du premier épisode, Sebastian Castellanos campe toujours le rôle principal dans cette nouvelle descente aux enfers à la recherche de sa fille cette fois. De chouettes retrouvailles permises par John Johanas, nouveau game director qui avait déjà pu se faire la main en livrant les DLC The Assignment et The Consequence de The Evil Within premier du nom. Une nouvelle vision donc qui, vous allez le voir, apporte son lots de bonnes et moins bonnes nouveautés.
En découvrant l’introduction du jeu, j’étais enthousiaste de constater que The Evil Within 2 avait gardé ce côté linéaire garantissant une mise en scène maîtrisée et un rythme soutenu… mais j’ai rapidement déchanté. L’action prend place à Union, une ville fictive dans un monde parallèle bâtie par la même machine expérimentale découverte dans le jeu original. Si le design de la ville m’a vraiment enchanté avec son côté déstructuré et flottant, c’est son ouverture qui m’a vite fait comprendre que je n’aurai pas affaire au même jeu. Ces zones semi-ouvertes regorgent de monstres purulents, de loot et de missions. J’avoue avoir pris quelques minutes avant de (re)trouver mes repères, d’autant que la seule manière de nous diriger, en dehors d’une carte qui se découvre au fur et à mesure de notre progression, c’est l’utilisation d’un talkie-walkie. Outre le fait de communiquer avec les vivants, cet instrument vous indique la présence d’échos laissés par les morts, essentiel pour mener à bien votre quête ou découvrir des objectifs annexes qui, pour certains, se veulent presque plus surprenants que la trame principale.

Avec ou sans l’usage du talkie-walkie, des monstres vous barreront la route. Les développeurs ont souhaité donner plus de souplesse au joueur sur la manière de les appréhender. La fuite ou même l’esquive sont deux approches tout à fait sérieuses dans The Evil Within 2 tant les munitions sont précieuses au cours des premiers chapitres. Reste l’option de l’attaque furtive qui préserve son stuff et a le mérite de nettoyer la zone. Si les scripts de déplacement des monstres sont plutôt faciles à appréhender, il m’est tout de même arrivé de me faire griller, m’obligeant à dégainer et à me vider de toutes mes balles. Oui car j’ai eu la brillante idée de désactiver la visée auto en début de partie, chose que j’ai heureusement pu corriger en cours de jeu car à la manette, couplé à la gestuelle des monstres dont certains sont particulièrement vivaces, il était délicat d’enchaîner les headshots.
Avec cette nouvelle aire de jeu et une action plus accentuée, j’ai trouvé en ce The Evil Within 2 un jeu hybride entre Silent Hill et Resident Evil.
Par chance, pour relier les zones (hôtel de ville, théâtre…), Sebastian doit s’engouffrer dans des tunnels, plus propices à une ambiance pesante et à des déformations à vous en faire perdre la boule. Le jeu reste linéaire mais a le mérite à ce moment-là de nous proposer des scènes plus travaillées et des rencontres plus marquantes. La seconde moitié du jeu accélère le tempo sur fond de religion avec des décors littéralement vivants, à la limite du répugnant pour certains ! Les artistes ont laissé court à leur imagination en les déformant à base de jeu de lumières ou encore d’effets volumétriques. Oubliez la physique telle que le jeu vidéo vous a habitué, ici les règles sont là pour être brisées.
j’ai trouvé en ce The Evil Within 2 un jeu hybride entre Silent Hill et Resident Evil
Artistiquement, The Evil Within 2 flatte notre rétine avec, par moment, un vrai souci du détail. Sur le plan technique, j’ai relevé quelques textures grossières et un peu de clipping (je joue sur une PS4 classique qui tousse) mais rien de bien gênant, contrairement au système de cover et son magnétisme douteux, ainsi que la gestion des hitbox sur les ennemis en mouvement ou trop éloignés. J’ai haussé le ton à deux trois reprises contre Tango Gameworks car dans un jeu qui se veut aussi avare en munitions, c’est ce genre de mauvais calibrage qui peut vite ternir son expérience. Je n’ose imaginer dans les modes difficultés supérieurs dont le “Cauchemar” avec ses sept sauvegardes manuelles maximum et son absence d’auto save. A noter par ailleurs que les bandes noires cinématographiques qui avaient fait tant parler d’elles dans le premier épisode sont activables dans les options seulement après avoir fini le jeu.
Ne faisant pas (plus) partie de cette population de joueurs à vouloir relever les défis les plus ardus (en fait ça dépend surtout des jeux), j’étais bien content de retrouver l’usage de gel ramassé sur la dépouille de mes ennemis pour améliorer les compétences physiques de Sebastian qui, disons le clairement, s’essouffle après 3m de course en début de game. Il en va de même de l’établi pour la confection d’armes, la petite nouveauté appréciable, c’est la fabrication de munitions proposées depuis le fameux établi ou en jeu directement via l’inventaire radial. La petite subtilité : le coût en objets et en poudre est plus élevé depuis l’inventaire. C’est par cette nouvelle orientation que le jeu nous convie fortement à fouiller chaque recoin jusqu’à taper dans des distributeurs automatiques. A titre personnel, ce n’est pas ce que j’attendais de la suite de The Evil Withing et looter tout ce qui est en surbrillance à l’écran m’a rapidement gonflé. La seule récompense était de pouvoir pousser davantage la puissance de feu de notre ami Sebastian. S’ajoute à cela des easter eggs dissimulés ici et là, des diapo pour en savoir plus sur ce qui se trame à Union ou encore des clés de casiers pour débloquer davantage de bonus. Les joueurs habitués au quadrillage de map seront ravis !

Après une dizaine d’heures de jeu pour mettre à mal Mobius, The Evil Within 2 ne m’aura pas transporté par son scénario dont l’écriture reste en deçà de ce que l’on peut attendre d’une telle production. Sebastian manque de subtilité et les PNJ croisés sur notre chemin sont pour la plupart caricaturaux. Malgré un doublage correct, on est tenté à plusieurs reprises de skipper certaines prises de parole trop longues et trop plates. Dommage car l’ambiance sonore sert quant à elle l’atmosphère générale du jeu avec des bruitages et compo franchement réussis.
Je ne peux pas qualifier The Evil Within 2 de mauvais jeu car ce serait vous mentir. Pour ma part, j’en sors déçu car j’espérais au fond de moi-même avoir un prolongement du premier opus, hors j’ai eu droit à une expérience différente mais pas foncièrement mauvaise. Malgré des défaut évidents, The Evil Within 2 parvient avec son bestiaire et sa balade dans les bas fonds d’Union à nous mettre mal à l’aise. Seul malaise justement, c’est qu’avec cette nouvelle orientation, le jeu se trouve à la croisée des chemins entre Resident Evil, Silent Hill et The Last of Us. Un mélange qui divisera pour sur.